Okinawa, le berceau du karate
Okinawa, qui signifie corde sur l'océan, est l'île principale de l'archipel des îles Ryukyu au sud du Japon. Okinawa s' étend sur plus de 1000 Km, est une terre étroite de 100Km de long par 4 à 30 Km de large. Située entre la pointe du Japon et la côte chinoise, elle est à la croisée de plusieurs influences de Chine, du Japon , de Malaisie et des Philippines. Ses habitants se sont souvent retrouvés face à l'invasion de forces étrangères qui à plusieurs reprises (deux fois) interdirent la possession et le port d'armes pour éviter les révoltes de la part des habitants, et ainsi réduire son armée. Ils durent donc développer des méthodes de combat efficaces à mains nues. Le karaté que nous connaissons aujourd'hui est le résultat d'une combinaison qui se fit au 18ième siècle entre l'Okinawa-te et le Kenpo de Shaolin, art de combat à mains nues ayant puisé ses origines dans des techniques de boxe chinoise qui furent diffusées par les moines guerriers du monastère de Shaolin. Depuis le dixième siècle, la Chine et l'archipel des Ryukyu situé entre l'île de Taiwan, le Japon et la Chine, entretiennent des rapports diplomatiques et commerciaux, surtout pour la production de souffre, car les chinois s'en servent pour la poudre. Ces rapports permettent à de nombreux experts de boxe chinoise de se rendre à Okinawa, et aux Okinawaiens de se rendre en Chine. C'est à cette occasion d'ailleurs que le Shaolin-quan-fa (Boxe de Shaolin) fut introduit. En 1902, le gouvernement d’Okinawa introduit l'Okinawa-te dans les écoles secondaires. Itosu Yasutstune devient le premier instructeur. Par la suite, plusieurs maîtres iront enseigner leur art martial hors de l'île. Gichin Funakoshi, considéré comme le Père du karaté moderne, fut un de ceux-là.
Shomen Funakoshi Gichin et l'Empire du soleil levant
Gichin Funakoshi est l’importateur du karate-do au Japon et créateur du style Shotokan, il a fait évoluer la forme initiale du karate d'Okinawa. C'est pourquoi, il est perçu comme un fondateur dans beaucoup de dojos sur la planète. Fils de Tominakoshi Gisu, il est né dans les premières années de la période de restauration Meiji, dans la contrée de Yamakawa, à Shuri, sur l'île d'Okinawa. Enfant chétif, il s'initie à l'art de combat des Ryukyu auprès de différents maîtres. À cette époque les arts martiaux était interdits par le gouvernement, et les entraînements avaient lieu secrètement la nuit. Son premier poste à 21 ans, fut celui d' instituteur adjoint dans une école primaire. Plus tard, une promotion l’amenera à travailler à Naha. « Ce fut la plus grande chance qui me laissa le plus de temps et de possibilité de pratiquer le karate ».Devenu maître d'école, il enseignera durant le jour et poursuivra la pratique du karate le soir, chez Maître Azato. Funakoshi rencontre ensuite Maître Itosu au début du 20 ième siècle. Il participe avec lui à la première démonstration officielle d'Okinawa-te, rapidement suivie par d'autres à travers tout le Japon. Les japonais présents furent si impressionnés qu'ils lui demandèrent de rester au Japon pour y enseigner sa technique. Dès le début des années 1920, le karate fut implanté dans les écoles élémentaires japonaises. C'est à cette époque qu'il changera son nom de famille Tominakoshi pour Funakoshi, le mot Funa étant un diminutif signifiant ;qui traverse l'océan en bateau. La popularité grandissante du karate incita de nombreux autres experts d’Okinawa à venir enseigner leur style au Japon. Bien que les techniques puissent différer, le karate de ces maîtres obéissait aux mêmes principes de base. Le succès qu'il rencontre alors, le convainc de s'installer à Tokyo et d'y commencer le développement du karate en passant par les universités pour parvenir à ses fins. En 1922 Funakoshi fonde son propre style, l' Okinawa-te, qui deviendra par la suite Shotokan. En 1924 il ouvre son premier club. Trois ans plus tard il en aura quatre supplémentaires. De son école sortent de célèbres maîtres: Nakayama, Nishiyama, Kanazawa et Nagamine. À l'époque Shotokan désignait le nom de son dojo et non celui du style. Shoto étant le nom de plume qu'avait adopté Maître Funakoshi pour signer ses poèmes. Chargé d'enseigner le karate à l'université de Tokyo, il ne retournera jamais à Okinawa et meurt le 26 avril 1957 à l'âge de 88 ans.
Funakoshi Gichin, l'écrivain
Funakoshi écrira plusieurs livres sur le karate dont le plus important se nomme Karate-do Kyohan, texte d'enseignement du Karate-do. La première édition de ce livre parut en 1922. Son auteur, Maître Funakoshi ne cessa, jusqu'à sa mort d'en compléter et d'en corriger le contenu. C'est Hoan Kosugi, un artiste japonais très connu, qui a convaincu Funakoshi de publier ce premier livre Cette oeuvre, dont la portée est immense, représente le document le plus élaboré qu'on n'ait jamais écrit sur le karate à cette époque. Funakoshi est également l'auteur d'autres ouvrages, tels que Karate-do Nyumon, Karate-do, Ichiro, Ryu Kyu kempo; Karate détruit en 1923, et Rentan Goshin Karate Jutsu,qui est une nouvelle version du premier.